Bourgogne Assistance
Familiale et sociale

Apprenons-leur à respirer

 

C’est le cri du cœur de Jean-Paul Allaux, un Kinésithérapeute qui a consacré l’essentiel de sa carrière à travailler sur les fonctions respiratoires de l’enfant : « à l’école ou au collège, on ne compte plus les élèves qui, lors d’une compétition sportive, se retrouvent à l’infirmerie, victimes de vertiges, de tachycardie… » Et pour cause, beaucoup d’enfants et d’ados sont en permanence hypoventilés. A l’occasion d’un effort physique, ils se retrouvent brutalement en hyperoxygénation… et ils tournent de l’œil ! Rapidement, certains d’entre eux se verront dispensés de sport. Or c’est précisément le contraire dont ils auraient besoin. Moins on respire efficacement, plus il est bon de pratiquer une activité au grand air. Les pneumologues et les allergologues le savent bien et répètent à l’envi aux enfants asthmatiques qu’ils ne doivent en aucun cas abandonner le sport. Un enfant qui respire mal est pris dans un véritable cercle vicieux : plus il souffre de difficultés respiratoires, plus il est fatigué. Plus il est fatigué, plus il est fragile et sujet aux infections à répétition. Et donc plus il respire péniblement. D’où l’importance de tout faire pour briser cette logique infernale et la transformer en cercle vertueux. D’autant que la respiration joue un rôle important, que l’on ignore souvent, dans l’équilibre psychomoteur des enfants. Elle induit des répercussions sur la croissance, le squelette, l’humeur ou le comportement.

A quoi sert une bonne respiration ?

A se tenir droit. Pour comprendre comment un nez bouché peut influencer la posture d’un enfant, tentez l’expérience suivante. Posez votre pouce et votre index sur vos narines de manière à les obturer presque totalement. Puis essayez de prendre une grande inspiration. Les muscles du cou vont vous faire saillie, les épaules seront poussées en avant, le sternum sera rentré. C’est cet effort que réalise en permanence un enfant qui a le nez bouché. Peu à peu, la position se fixe dans son corps. Le dos se voûte, le thorax, au lieu de se développer harmonieusement, forme comme un entonnoir… une situation peu propice à une croissance optimale des poumons !si l’enfant n’est pas soigné à temps, il risque de conserver toute sa vie une capacité pulmonaire déficiente… Source : Cendrine Barruyer

A avoir des dents bien rangées et un visage harmonieux.

Les orthodontistes croulent sous les demandes de rendez-vous. Jamais on n’avait observé autant d’enfants souffrant de mal positionnement dentaire. On incrimine la succion du pouce, pas toujours à tort d’ailleurs. Mais reprenons l’exercice précédent : tandis que nous nous forçons à aspirer un peu d’air, la langue se colle au palais, les maxillaires sont crispés, les lèvres se pincent… si maintenant nous bouchons totalement le nez pour respirer par la bouche, la mâchoire inférieure demeure pendante, hypotonique, la langue s’aplatit au fond de la cavité buccale… or la langue et les lèvres sont essentielles au maintien de la denture. Au point que certains dentistes, plutôt que de poser un appareil sur les arcades dentaires, préfèrent confier l’enfant à un kiné ou à un orthophoniste, qui lui apprendra à fortifier les muscles de la face et à bien placer sa langue. Les résultats sont souvent excellents, améliorant non seulement un nez bouché retentit sur la denture, mais aussi sur la croissance du visage. Les orthodontistes ont constaté que si un enfant n’avait pas une respiration nasale convenable, son maxillaire supérieur se développait mal. CQFD : pour jouir d’un visage harmonieux, aux proportions équilibrées, il faut savoir bien respirer !

A bien dormir, bien manger et être de bonne humeur. Inutile de dormir avec une pince à linge sur le nez pour comprendre que, lorsque la respiration est altérée, le sommeil est perturbé. On s’endort difficilement, on se réveille dix fois dans la nuit, gorge sèche, douloureuse, on se lève pour boire… et, le lendemain matin, quand sonne le réveil, on peine à émerger des profondeurs. Aussi, un enfant dort mal quand il souffre en permanence d’obstruction nasale, que ce soit dû à un mauvais mouchage, à des allergies, à des infections à répétition, à des amygdales et à des végétations tellement volumineuses qu’elles empêchent l’air de passer. Ses nuits sont agitées, son lit est défait au matin, sa chevelure est en sueur… il est fatigué, grincheux, dans la lune, irritable, voire hyperactif. Non seulement cela retentit sur son humeur et son caractère mais, en outre, il a du mal à s’alimenter. Les courbes de croissance stagnent, l’enfant reste chétif avec, parfois, un retentissement au niveau des trompes d’Eustache : il a du mal à entendre car l’obstruction tubaire (otites). Si la cause de la mauvaise respiration est prise en charge, l’enfant va reprendre des couleurs, accélérer sa croissance, se remplumer, améliorer ses performances scolaires… une résurrection ! Source : Cendrine BARRUYER

Un nez qui cache bien son jeu…

Outre qu’il est le siège de l’odorat, il réchauffe l’air, l’humidifie et protège, de ce fait, les poumons (l’air froid, inspiré directement par la bouche, peut provoquer une crise d’asthme chez le sujet prédisposé). Il filtre l’air en piégeant les impuretés grâce à son mucus et à ces cils. Il évacue la chaleur produite par le cerveau. Nos neurones supportent très mal l’excès de chaleur. Quand nous avons le nez plein, nous arrivons plus à refroidir notre cerveau, votre pensée est embrumée.

Des conseils pour les aider

Mais au fait pourquoi tant de difficultés ? Parfois, les raisons sont purement physiologiques. Une cloison nasale déviée, par exemple, est un frein à une bonne respiration. Mais, le plus souvent, ce sont les infections ORL à répétition qui en sont la cause. Elles sont largement liées à nos modes de vie : maison pas assez aérée, tabagisme des parents, enfant confié très jeunes à la crèche…

Quelques conseils

 Ne fumez pas jamais devant vos enfants.
 Avant de coucher vos chérubins, faites chauffer un autocuiseur plein d’eau et de feuilles d’eucalyptus ; quand l’eau est en ébullition, portez la marmite dans la chambre, libérez la vapeur par le siffleur : l’humidité et les essences d’eucalyptus seront propices à une bonne respiration nocturne.
 Apprenez-leur, dès le plus jeune âge, à se moucher et procédez à un lavage nasal régulier (eau de mer, sérum physiologique ou eau thermale).
 Dés le matin, ouvrez grands volets et fenêtres pour un réveil tonique !
 Lorsqu’ils vont à l’école, veillez à ne pas les surcouvrir. Optez pour des vêtements fins (plusieurs couches successives), mettez leur des sous-vêtements absorbants (en coton).

3 façons d’améliorer leurs capacités

Apprenez à votre enfant à bien vider son nez et à libérer ses poumons.

Faites-le ronchonner comme un petit cochon (bouche fermée, l’air entre par le nez et fait vibrer bruyamment le palais), puis tirer la langue et la rentrer rapidement comme un caméléon. C’est très efficace, selon Jean-Paul Allaux. En mobilisant le voile du palais, cet exercice purge les fosses nasales, me pharynx et libère la trompe d’Eustache. Autre animal à imiter : le lapin. Tous les enfants aiment remuer leurs narines comme leur rongeur préféré. Un excellent moyen d’améliorer le rendement de leurs inspirations ! Et les tout petits ? Mettez-les à plat ventre sur vos genoux et chatouillez-les… ils vont rire, ce qui provoquera une toux libératrice !

Faites-lui pratiquer des exercices respiratoires réguliers.

En pleurant, le bébé travaille sa capacité respiratoire… mais il existe de nombreux exercices plus silencieux pour apprendre à bien vider ses poumons et à bien inspirer : par exemple, mettre son index sur la bouche et faire « chut » le plus longtemps possible en rentrant son ventre, ou encore poser une balle de ping-pong sur une table et demander à chaque enfant de souffler le plus fort possible pour pousser la balle vers les autres… enfin, ne le grondez plus lorsqu’il fait des bulles avec sa paille… ce divertissement fait travailler efficacement ces poumons

Choisissez-lui une activité adaptée

Les sports d’extérieur sont recommandés (ballon, vélo, marche…), notamment les sports d’endurance. Parmi les activités d’intérieur, le judo, le karaté ou la natation sont d’excellents moyens d’apprendre à contrôler sa respiration. Enfin, les instruments à vent (flute, harmonica, trompette…) ou le chant développent non seulement sa capacité respiratoire, mais aussi modifient sa statique et son équilibre.